"Pour susciter un changement systémique, il faut obtenir l’appui des parties prenantes, en particulier des éducatrices et éducateurs."

 
 

S’approprier le changement : la gouvernance, la reddition de comptes et l’engagement

La gouvernance est étroitement liée au leadership. Elle désigne les systèmes et les structures officiels qui créent ou appuient le pouvoir décisionnel et sert habituellement à décrire les responsabilités officielles des leaders à prendre les décisions. Une direction d’école, par exemple, est à la fois un leader de changement et le décisionnaire officiel au niveau local dans l’école. Dans un changement à l’échelle du système, le leadership doit être distribué entre tous les niveaux du système d’éducation et à l’intérieur de ces différents niveaux; dans de nombreux cas, la gouvernance empruntera cette même voie. Les systèmes formels peuvent servir à décentraliser la prise des décisions, tout en maintenant en place l’autorité suprême. La relation entre les divers niveaux des structures de gouvernance devrait être réciproque plutôt que purement descendante, de manière à favoriser la collaboration dans la prise de décisions. Un exemple concret est celui des principes de gouvernance du ministère de l’Éducation du Québec, qui comprennent la « subsidiarité », ou la décentralisation des processus et des décisions. Ce principe permet de distribuer une responsabilité traditionnellement centralisée tout en gardant le pouvoir suprême centralisé.

Dans les écrits, « reddition de comptes » désigne habituellement les résultats associés aux tentatives en vue d’accepter les décisions de gouvernance et les conséquences si les résultats souhaités sont atteints ou ne le sont pas. Par exemple, une direction d’école peut observer une décision de gouvernance au sujet de la gestion des présences. Elle n’est pas responsable de la décision, mais elle doit rendre compte de la façon dont celle-ci est exécutée et des résultats d’une telle forme d’exécution. Il n’est pas nécessaire d’associer la reddition des comptes à une punition ou à une récompense – la reddition des comptes, particulièrement dans les écrits sur l’éducation basée sur les compétences, est associée à une amélioration continue. Le Vermont, par exemple, a élaboré un système de reddition des comptes de l’amélioration continue dans lequel il a été indiqué que toutes les écoles avaient besoin d’amélioration. L’intention était de déstigmatiser l’étiquette d’amélioration et de transmettre comme message que l’amélioration est un besoin universel et est continue (Patrick et al., 2018). Ici, la reddition de comptes s’éloigne des systèmes de « classement et de punition  » [traduction]  basés sur des variables uniques (p. ex., les notes) en vue de permettre aux parties prenantes d’obtenir l’information et le soutien dont elles ont besoin pour mieux aider tous les élèves à réussir.

« Engagement » cadre avec ce domaine parce que le terme fait état de l’aspect conceptuel ou émotionnel de la propriété. Tout comme les compétences ont un élément associé à la disposition ou au désir (Hipkins, 2010), les processus de changement efficaces ont besoin d’attitudes particulières et de motivation. La plupart des modèles de changement mentionnent que l’engagement ou l’appui sont nécessaires à un changement efficace. Pour obtenir l’engagement des parties prenantes comme les élèves, le personnel enseignant, les directions d’école, les parents, les collectivités ou les employeurs, deux approches principales émergent des écrits : a) communiquer ou sensibiliser au sujet du changement nécessaire et b) recueillir des commentaires utiles des personnes qui seront engagées (p. ex., Intel Education, 2017; Milton, 2015; Phillips et Schneider, 2016; Sturgis, 2016). Ces approches sont souvent appliquées en tandem (p. ex., combiner les exposés aux séances de consultation). Les provinces et les territoires du Canada analysés pour l’élaboration du cadre ont combiné des forums avec le public et des groupes en particulier (p. ex., avec les parents ou les employeurs) pour informer les parties prenantes et recueillir leurs commentaires. Certains ont tout mis en œuvre pour engager des groupes en particulier pour s’assurer que leurs voix se font entendre. Le ministère de l’Éducation du Nunavut (2007), par exemple, avait prévu des consultations approfondies avec des aînées et aînés inuits et des membres de la communauté en question dont il a aussi intégré le langage et les concepts dans le programme d’études. Un certain nombre de provinces et de territoires obtiennent un plus grand auditoire de personnes « engagées » en tirant parti des efforts de changement précédents et en cours. Le ministère de l’Éducation du Manitoba a combiné ses efforts de changement systémique se rattachant aux compétences globales (p. ex., une approche systémique de l’éducation en vue du développement durable et le Cadre pour l’amélioration continue de la maternelle à la 12e année) à des initiatives précises comme la Sustainable and Education Academy of Manitoba (Académie de vie durable du Manitoba) et le groupe de travail sur l’éducation durable d’Éducation Manitoba. Des initiatives du genre permettent au ministère de l’Éducation du Manitoba de répéter les occasions de recueillir le point de vue des parties prenantes et d’éprouver les idées. L’engagement dans ces cas est habituellement renforcé à partir du niveau local, processus qui est facilité par le ministère de l’Éducation du Manitoba.

Aux premières lignes de la mise en œuvre, les éducatrices et éducateurs, bien entendu, sont des joueurs clés; leur engagement et leur soutien sont essentiels au changement du système. Les provinces les plus avancées dans l’intégration des compétences globales, soit la Colombie-Britannique, l’Alberta, l’Ontario et le Québec, ont toutes des processus en place qui servent à communiquer avec les éducatrices et éducateurs et à les consulter. En outre, dans ces provinces, les éducatrices et éducateurs contribuent de façon active à la conception et à l’essai du programme d’études et de l’évaluation.

Feuille de travail : S’approprier le changement

Pour plus d’informations et pour consulter les références mentionées ci-dessus, veuillez cliquer ici afin de télécharger le Cadre pancanadien pour les compétences globales selon la perspective du système.

 

Points principaux du domaine de changement

S’approprier le changement

LA GOUVERNANCE

· La gouvernance consiste à déterminer et à reconnaître qui est autorisé à prendre les décisions.

· Le système de gouvernance suit la distribution du leadership dans le système.

· Un pouvoir central est maintenu habituellement même lorsque la gouvernance est décentralisée.

LA REDDITION DE COMPTES

· La reddition de comptes met l’accent habituellement sur les propriétaires du changement sur le plan légal et moral.

· La reddition de comptes est associée à l’amélioration.

· Selon Fullan (2010), une « reddition de comptes intelligente » favorise une délégation accrue des responsabilités et une plus grande collaboration face au changement.

· L’approche de reddition de comptes influera sur l’engagement des parties prenantes.

L’ENGAGEMENT

· L’engagement fait état de l’aspect conceptuel et émotionnel de la propriété dans la transformation systémique.

· La communication et la collecte de commentaires sérieux sont essentielles. Non seulement les personnes ont besoin d’être informées du changement, mais elles doivent également avoir l’impression d’avoir un rôle dans son façonnement.

· Déterminer qui sont les agentes et agents de changement – les personnes déjà engagées, celles qui ont de l’influence, non en raison de leur position, et celles qui peuvent faire un pont avec les groupes déconnectés. Une invitation ouverte à participer leur permet de s’identifier (Milton, 2015).

· La participation aux processus de consultation et de collaboration d’un vaste éventail de groupes intéressés de l’éducation est encouragée

· Les personnes qui sont neutres ou résistent aux changements veulent être consultées au sujet de leurs besoins dans la transformation et devraient l’être. Les progrès peuvent se poursuivre au milieu des consultations (c.-à-d., écouter les opinions dissidentes n’entraîne pas nécessairement l’arrêt complet de tout changement).